Bangladesh
Blocage et forte tension au Bangladesh, entre le président et l'opposition
LEMONDE.FR avec AFP 29.10.06 19h28
Le président bangladais Iajuddin Ahmed, après avoir consulté dimanche 29 octobre les chefs des principaux partis du pays, a décidé d'assumer lui-même la direction du gouvernement intérimaire. Depuis vendredi, de violents affrontements ont fait 18 morts.
La Ligue Awami, le principal parti d'opposition, a aussitôt appelé à des manifestations et à une paralysie des transports lundi dans l'ensemble du pays. L'opposition, qui regroupe une alliance de treize partis, contestait la désignation à la tête du gouvernement intérimaire de l'ex-président de la Cour suprême K. M. Hasan, un ancien membre du Parti nationaliste du Bangladesh (PNB, au pouvoir), qu'elle accuse de partialité.
La tâche principale du gouvernement provisoire est l'organisation des élections législatives de janvier 2007. Au cours d'une brève cérémonie organisée au palais présidentiel et retransmise à la télévision, Iajuddin Ahmed a prêté serment "en tant que conseiller en chef du gouvernement intérimaire neutre", devant le président de la Cour suprême J.R. Mudassir et le Premier ministre sortant Khaleda Zia.
Depuis la défaite de la Ligue Awami aux dernières élections en octobre 2001, le Bangladesh (144 millions d'habitants, dont plus de 85 % de musulmans) est gouverné par une coalition de quatre partis (dont deux formations islamistes) conduite par le PNB de Mme Zia.
L'OPPOSITION APPELLE AU BLOCAGE
Les violences ont éclaté vendredi soir à l'expiration du mandat de cinq ans de Mme Zia, censée céder samedi les rênes du pouvoir au gouvernement intérimaire. Les heurts entre ses partisans, ses adversaires et les forces de police ont fait au moins dix-huit morts et plusieurs centaines de blessés à Dacca et dans plusieurs autres villes du pays.
Dimanche, deux jeunes hommes ont été battus à mort sur l'île de Nijhum Dwip, dans le sud, et un troisième a été tué à l'arme blanche sur l'île de Hatiya, également dans le sud. Une quatrième personne a succombé à ses blessures après avoir été lapidée la veille dans la région de Pirojpur, également dans le sud, selon la police.
La prestation de M. Hasan, qui devait devenir premier ministre provisoire, avait été différée samedi, officiellement pour raisons de santé, avant que le gouvernement n'annonce finalement "l'incapacité" de M. Hasan à diriger l'administration intérimaire.
L'opposition exige en outre un droit de regard sur la composition de la Commission électorale, qui supervisera le scrutin de janvier, jugée trop favorable au gouvernement sortant.
Pour tenter de sortir de l'impasse, le chef de l'Etat avait déjà proposé d'assurer lui-même la direction du gouvernement intérimaire, mais cette solution avait été rejetée par la Ligue Awami, qui a boycotté dimanche sa prestation de serment.
Faute d'un accord avec le parti au pouvoir, la Ligue a appelé à un blocus des transports et à des manifestations lundi dans l'ensemble du pays. Elle avait déjà organisé ces derniers mois une série de grèves et de manifestations dont la plus importante a réuni 100 000 personnes le 18 septembre.
Selon les autorités, des barrages ont déjà été installés sur les principaux axes routiers et toutes les activités du port de Chittagong (sud) sont au point mort. A Dacca, théâtre samedi de véritables batailles rangées, les rues étaient quasiment désertes dimanche et la plupart des habitants sont restés cloîtrés chez eux dans la crainte d'une nouvelle flambée de violences.
No comments:
Post a Comment